CONNAÎTRE et SAVOIR dans la structure SVO

 

Thierry TRUBERT

Kazuro OGUMA

© Université Seinan-Gakuin, 1993.
in Études de Langue et Littérature françaises
, Université Seinan-Gakuin, numéro 28, 1991, ISSN 0286-2409.

OBJECTIFS

Étudier les verbes connaître et savoir d'une manière contrastive, dans l'optique d'une grammaire d'opérations. À cet effet, on s'efforcera de :

- montrer que ces deux verbes ne sont pas sémantiquement interchangeables dans la structure de surface SVO [1]

- offrir un classement nominal de l'objet des séquences SVO

- présenter sous un jour nouveau un dénominateur commun aux effets de sens pour chacun des deux verbes.

 

1. OBSERVATIONS préliminaires

Examinons la série de classification nominale d'énoncés ci-après qui nous servira de base pour aller a la découverte des fonctionnements réels.

1) ?? Pierre connaît une littérature.

2) *Pierre sait une littérature.

3) Pierre connaît (bien) la littérature (basque).

4) *Pierre sait (bien) la littérature (basque) .

5) Pierre connaît quelque chose de la littérature basque.

é) Pierre sait quelque chose de la littérature basque.

7) Pierre connaît l'heure de ton départ.

8) Pierre sait l'heure de ton départ.

9) Pierre connaît Paul.

10) *Pierre sait Paul.

11) Pierre connaît l'âge de Paul.

12) Pierre sait l'âge de Paul.

Une première observation nous indique que connaître et savoir, qui sont tous deux des verbes transitifs directs dans les énoncés ci-avant, ont des restrictions de sélection sur le sujet et l'objet, restrictions constantes comme nous le verrons dans cette étude. Alors que savoir exige de toute manière un sujet animé et impose de larges restrictions sur son objet, connaître, en revanche, ne pose pratiquement pas de restrictions de sélections sur son sujet ni sur son objet.

Il existe pourtant bien des énoncés avec connaître jugés "difficiles" - précédés de la marque (??) - bien que certains contextes ou situations sauraient en général les rendre acceptables. Ainsi, par exemple :

13) ?? Il connaît l'heure

est inacceptable dans le sens de "II a l'heure" ou de :

14) Il sait l'heure ?!

mais (13) sera facilement prononcé par une mère fière des premiers progrès scolaires de son jeune enfant ; glosons (13) ainsi : "II peut lire l'heure, il l'a déjà apprise avec son maître". De même, un enseignant de Français Langue Étrangère, après un cours sur l'heure, dira à ses étudiants :

13') Maintenant, vous connaissez l'heure en français.

Quant à (14), (?!) est nécessaire car ce ne peut être qu'une question rhétorique exprimant l'impatience de l'énonciateur devant le retard de la tierce personne.

A priori, les deux verbes connaître et savoir sont synonymes [2] quand ils acceptent les mêmes constructions SVO. De ce point de vue, les énoncés (13) et (14) sont-ils à considérer plutôt comme exceptions ? Nous verrons cependant au cours de notre étude que les deux vocables ne sont jamais synonymes, et que (13) et (14) s'inséreront dans le système que nous proposerons plus loin.

Dans cette solution de la synonymie donc, nous avons la même interprétation sémantique entre les énoncés suivants :

15) Il connaît la vérité/tout.

et 16) Il sait la vérité/tout.

Cette synonymie des deux paires d'énoncés fait écran aux spécificités de chaque verbe, proposons d'autres paires d'énoncés plus prosaïques et présentant toujours une synonymie apparente :

17) Il connaît la nouvelle.

et 18) Il sait la nouvelle. [3]

19) Il connaît le moyen de vous sortir de là/le chemin de la maison.

et 20) Il sait le moyen de vous sortir de là/le chemin de la maison.

21) Pierre connaît ton adresse/ton numéro de téléphone/le nom de famille de Jacques.

et 22) Pierre sait ton adresse/ton numéro de téléphone/le nom de famille de Jacques. [4]

 

2.1.

On pourrait parler dans les énoncés précédents de synonymie déterminée par l'objet [5], c'est-à-dire que le sémantisme de ces objets spécifiques serait tel que l'on ne saurait faire une dissociation entre le contenu énonçable du SN objet direct et sa dénomination. Autrement dit, avec les noms comme "vérité", "nouvelle", "moyen", etc. (ex. 15-22), il est possible que l'on énoncé tout de suite leur contenu : ce que cette "vérité" ("nouvelle", etc.) est (par exemple : "Pierre a quitté sa femme"). Tout à fait différents sont les noms comme "littérature" (ex. l-4) ou "Paul" (ex. 9-10) qui montrent une incompatibilité avec savoir. La raison pour laquelle ces substantifs excluent savoir est précisément selon nous qu'ils ne portent de contenu sémantique autre qu'une propriété qu'un énonciateur peut/veut conférer à sa charge : "la littérature, c'est... " ; "Paul, c'est quelqu'un qui...". Cette solution donc, qui consiste à expliquer l'apparente synonymie de savoir et connaître par une particularité sémantique de l'objet syntaxique semble a priori acceptable, et sans aucun doute fort séduisante. Cependant, l'addition a ces énoncés de la restriction suivante : " mais il l'a oublié " fait basculer dans la non-grammaticalité tous les énoncés avec savoir, alors que ceux avec connaître demeurent attestables :

21') Pierre connaît ton adresse/ton numéro de téléphone/le nom de famille de Jacques, mais il l'a oublié(e).

et 22') *Pierre sait ton adresse/ton numéro de té1éphone/le nom de famille de Jacques, mais il l'a oublié (e) .

Un classement sémantique des SN objet apparaît alors insuffisant. Quant a nous, cet ajout d'oublier nous éclaire beaucoup : ne serait-ce donc pas à cause de la présence d'oublier que les énoncés avec savoir ne sont plus attestables tandis que ceux avec connaître demeurent acceptables ? Force est de constater ici un cas d'interférence entre le sémantisme du verbe oublier et celui de savoir : il y a contradiction entre savoir et oublier, mais pas entre connaître et oublier. Remarquons en passant qu'il s'agit d'énoncés où savoir est au présent, l'attestabilité est restituée quand savoir est au passé :

22") Pierre savait ton adresse/ton numéro de téléphone/le nom de famille de Jacques, mais il l'a oublié(e).

Notre observation présentée en 2.1. nous amène à la déduction suivante : de la même manière que l'on ne peut dire (une adresse. un numéro de téléphone, un nom de famille, une nouvelle, etc.) ce que l'on a oublié, savoir quelque chose implique une occurrence verbale potentielle de l'objet par le sujet. Apparaîtrait alors en plein jour le sémantisme de savoir, différent de celui de connaître, et les énoncés ci-avant s'éclairent. On ne peut savoir la littérature ou Paul en (4) et (10) car on ne peut pas non plus les dire, mais on peut savoir quelque chose de la littérature, l'heure, l'âge, la vérité, le nom de famille, etc., de la même manière que l'on peut dire quelque chose de la littérature, l'heure, l'âge, la vérité, le nom de famille, etc. ; cf. (6), (8), (12), (14), (16). (18), (20) et (22).

Tout aussi simplement, cette observation est en mesure d'expliquer les énoncés avec savoir et connaître à la forme négative. Dans les constructions négatives, NE-PAS CONNAÎTRE est la marque de la non-existence du lien S/O, mais O existe toujours indépendamment, seule la relation disparaît. Alors que si NE-PAS SAVOIR indique bien également l'annulation du lien S/O, O n'existe plus par S, sa réalisation est annihilée par l'incapacité de S à exprimer O verbalement. L'importance accordée au sujet permettant d'ailleurs de comprendre que "je ne sais pas" (sans objet), à la différence de : * "je ne connais pas" sous-entend un objet qui n'a de statut qu'à travers le sujet "Je".

 

2.2.

Nous nous efforcerons pour l'heure d'expliquer le comportement syntaxique propre à connaître et à savoir, dans le cadre d'une différenciation sémantique. Nous avons vu que les deux verbes réagissent différemment avec le même SN objet direct [6], même si l'on peut observer ce que nous appellerons un "effet de synonymie". En fait, c'est moins dans le sémantisme de l'objet que dans celui du verbe qu'il faut trouver une solution définitive au problème. Mais observons à présent une série d'exemples où le verbe savoir peut présenter une incompatibilité avec certains SN objet direct :

23) Pierre connaît le théorème de Pythagore.

et 24) Pierre sait le théorème de Pythagore.

[mais : 25) Pierre connaît la table de multiplication de Pythagore.

et 26) ?? Pierre sait la table de multiplication de Pythagore.]

 

Pourquoi le sémantisme de savoir admet l'objet en (24) mais peut, selon le contexte et selon la situation de Pierre, buter sur celui en (26) ? Un théorème s'énonce toujours en une suite de phrases préconstruites qui, répétées dans le bon ordre et sans erreur de variation, forment en tout et pour tout le théorème. Savoir un théorème, c'est donc être capable de l'énoncer intégralement et correctement. Le cas de la table de multiplication est sensiblement différent. On apprend à la réciter intégralement dans un cours de mathématiques à l'école, (26) est alors attestable mais l'on dira plutôt :

26') Il sait sa table de multiplication [7]. (Il réfère à Pierre enfant) ; tandis que Pierre devenu adulte, il l'utilisera verticalement et horizontalement de manière sporadique grâce a une gymnastique du cerveau, chacun sachant dire chaque case de la table de multiplication sans avoir à réciter celle-ci entièrement. (26) n'apparaît alors pas comme un énoncé très naturel, sauf dans la situation être indigné parce qu'on a été considéré comme ignorant.

 

27) Pierre connaît le/ce poème.

et 28) Pierre sait le/ce poème.

[mais : 29) Pierre connaît le/ce roman.

et 30) *Pierre sait le/ce roman.]

31) Pierre connaît le titre de ce roman/l'histoire de ce roman/un paragraphe de ce roman.

et 32) Pierre sait le titre de ce roman/l'histoire de ce roman/ un paragraphe de ce roman.

[mais : 33) Pierre connaît le format de ce roman.

et 34) *Pierre sait le format de ce roman.]

Les exemples ci-dessus montrent clairement que tant qu'il est possible de reproduire verbalement l'intégralité du sémantisme de l'objet, les énoncés avec savoir sont attestables. A part donc le cas extrême (mais possible [8]) d'apprendre un livre par cœur et de pouvoir le réciter, il est alors logique que l'exemple en (30) soit inattestable.


2.3.

On peut étendre le phénomène d'expression verbale du SN objet direct par le S à celui d'expression physique (non plus dire mais faire). Examinons les exemples suivants pour établir la corrélation :

35) Pierre connaît l'espagnol.

et 36) Pierre sait l'espagnol.

[mais : 37) Pierre connaît les langues étrangères.

et 38) *Pierre sait les langues étrangères.]

39) Pierre connaît le crawl.

et 40) Pierre sait le crawl.

[mais : 41) Pierre connaît la natation.

et 42) *Pierre sait la natation.

43) Il connaît les convenances.

et 44) Il sait les convenances.

[mais : 45) Il connaît la politesse.

et 46) *II sait la politesse.]

"L'espagnol", "les convenances", comme "le crawl" sont réalisables verbalement ou physiquement et sont alors considérés comme occurrence potentielle de la notion crawl, convenances ou espagnol à travers l'activité du sujet, et si (3é') (ci-dessous) comparé a (35') (ci-dessous) est inattestable, c'est bien parce qu'il est impossible de reproduire par le verbe et par le geste une autre personne:

35') Pierre connaît l'Espagnol qui habite près de chez moi.

36') *Pierre sait l'Espagnol qui habite prés de chez moi [9].

 

D'un autre coté, "la politesse" n'étant pas une action mais la dénomination d'une suite de règles sociales, (c'est-à-dire un tout qui n'est pas égal a la somme des parties comme dans le cas "des convenances") , "la natation" n'étant pas une nage spécifique, ni "les langues étrangères" une langue donnée, [10] il est impossible de les dire ou de les faire. [11]

 

Appliquons de nouveau le test de " mais il l'a oublié(e) " aux énoncés précédents. La réaction identique qu'opposent les énoncés avec connaître et ceux avec savoir ne porterait-elle pas à penser que même si les deux séries diffèrent de par la particularité sémantique des compléments, c'est le fonctionnement des deux verbes qui lui est différent ? Ainsi, si nous poussons notre analyse de "l'occurrence potentielle de l'Objet de savoir par son Sujet" à dire que l'une des clés du fonctionnement des deux verbes résiderait peut-être dans le statut du sujet du verbe (statut différent selon savoir ou connaître), alors tout semble s'expliquer ; il n'est plus nécessaire de s'évertuer à formuler un classement des SN quand nous pouvons comprendre en profondeur les exigences sémantiques du V.


3. Prenons comme principe de base les articulations suivantes :

[figure l]

[figure 2]


1 : arrow left

1 : arrow left

SAVOIR :  S  V  O
CONNAÎTRE :  S  V  O

2 : arrow right




Utilisons ces figures comme représentations des séquences avec savoir et connaître dans l'explication suivante :

Nous savons que dans la séquence SVO "simple" de type « lire un livre » ou « casser un vase », on obtient une réalisation d'un O indéterminé parmi un paradigme établi à partir de la restriction de sélection régie par V (O : « ce qui est lisible/cassable »). En d'autres termes, O peut ne pas être qualifié ou singularisé, ce qui comme nous le verrons différencie ces verbes du O de connaître et de savoir ; O n'a de contrainte qu'au niveau d'un choix du terme lexical exigé par V. Maintenant avec savoir et connaître, et contrairement à "lire" ou "casser", on ne peut imaginer les énoncés suivants, sauf si l'objet a été préalablement singularisé ou sera aussitôt qualifié :

47) Pierre connaît une célébrité.

48) *Pierre connaît un livre.

Contrairement à une célébrité, l'existence d'un livre n'est pas en elle-même suffisante pour permettre un tel énoncé, l'objet doit être dans une certaine mesure thématisé :

49) Pierre connaît un seul livre, c'est la Bible.

50) Vous cherchez des documents sur la diaspora ? Pierre connaît un livre. (Sous-entendu : qui vous conviendra certainement.)

En (50) par exemple, le statut thématique de "livre" est évident (c'est Pierre qui possède les informations que vous cherchez).

1') Pierre connaît une littérature. . .

(Sous-entendu : mais elle est peu recommandable, [de gare, etc.].)

51) *Pierre connaît un restaurant.

mais : 52) Si vous voulez manger mexicain, Pierre connaît un restaurant.

(Sous-entendu : où il y a des plats mexicains.)

53) *Pierre connaît un homme.

mais : 54) Pierre connaît un homme pas comme les autres.

Il en va de même pour savoir :

55) Pierre sait une chanson.

(Sous-entendu : cette chanson, il va vous la chanter.)

56) Pierre sait un paragraphe de ce roman.

 

La contrainte qui vient être dégagée montre que O de connaître et de savoir sert en fait de repère pour S, repère étant par définition déjà spécifique et singularisé. On peut dire que V est un vecteur de O vers S.

        Maintenant, force est de nous interroger sur ce qui différencie connaître et savoir. En effet si l'orientation O arrow right S avec ces deux verbes provoque l'effet de sens général de mise en valeur de S par une connaissance, ce qui a une retombée sur la qualité de S, (S exhibe sa connaissance : "je connais Du Bellay", "je connais l'arabe"), avec savoir, est nécessaire pour S de pouvoir dire/faire/montrer O, faisant ainsi passer O1 (déjà construit) a O2, objet de savoir dire/faire/montrer. Nous proposons d'interpréter cette observation sur savoir à partir de la figure [1] ci-avant : la flèche (2) indique la deuxième relation de repérage, orientée cette fois de S (repère) vers O (repéré). Cette opération permet de re-qualifier O de telle manière que O n'est pas concevable indépendamment de S [12]. Or, dire que O n'a de statut que relativement à S, c'est dire que O ne peut se réaliser qu'au travers de l'"activité" de S (de son dire/faire/montrer), à O ne peuvent être associées plusieurs représentations simultanées, puisque S est à la fois le garant et le modèle de O.

L'analyse qui précède nous amène à mieux saisir le phénomène mais je l'ai oublié.

 

 

NOTES

 

l) Dans cette étude, nous avons exclu des constructions comme : savoir que, savoir infinitif S (inanimé) connaître, etc.

2) Cette solution a été retenue a priori par Irène TAMBA-MECZ et France DHORNE, nous la reproduisons ici : « le choix entre les deux vocables français [savoir et connaître] est donc purement syntaxique et ne relève d'aucune différenciation sémantique. »

[(p 11) in : Irène TAMBA-MECZ et France DHORNE (1988) : Analyse de deux paires synonymiques en français et en japonais : CONNAITRE/SAVOIR - SHIRU/WAKARU, Linguistique japonaise, vol. 2, pp. 7-41, Université Paris VII.]

3) mais : *II a connu la nouvelle et Il a su la nouvelle.

4) mais : (9') Pierre connaît. Jacques et (10') *Pierre sait Jacques.

5) Daniel LEBAUD remarque : « les propriétés sémantiques du complément ("numéro de téléphone, nouvelle") [...] sont telles qu'elles bloquent toute émergence des spécificités de "connaître" en regard de celles de "savoir". La spécificité de noms tels que "numéro de téléphone, adresses, nom, " etc. est qu'ils rendent a priori toute dissociation entre leur dénomination et leur énoncé impossible : dès lors que l'on sait, de façon triviale, qu'ils sont, on sait CE qu'ils sont. Ce qui n'est pas le cas, comme nous le verrons, de "théorème de Thalès". »

[(p 172) in : Daniel LEBAUD (1990) : SAVOIR et CONNAÎTRE, Le Gré des Langues, n.1, pp. 165-179, L'Harmattan]

6) Sous cet angle, nous sommes en accord avec Jean-Jacques FRANCKEL et Daniel LEBAUD qui proposent la solution sémantique : « (numéro de téléphone, nouvelle) : l'existence de ces termes est indissociable de la détermination de leur contenu qualitatif. Ces termes diffèrent donc du théorème de Thalès dont il est possible de connaître l'existence indépendamment de toute prise en compte de son contenu. »

[(p. 88) in : Jacques FRANCKEL et Daniel LEBAUD (1990) : SAVOIR et CONNAÎTRE, Les Figures du Sujet, pp. 87-116, Ophrys.]

7) Pour le cas de savoir son théorème, voir LEBAUD, p. 172.

8) On trouve ce cas dans le livre de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, où les personnages héroïques à la fin du roman apprennent chacun par cœur une œuvre littéraire majeure.

9) Même genre d'exemple que (10).

10) Remarquons que savoir des langues étrangères est attestable ; en effet ce SN objet direct n'est qu'une suite quantitativement non déterminée de parties du tout ; savoir le tout dépasserait les facultés du cerveau humain. (Alors que "savoir les convenances" est possible car "les convenances" est une suite dont la somme est un tout assimilable par l'éducation.)

11) Remarquons que l'on peut dire mais aussi montrer un moyen, un chemin, en (20) et faire comme montrer le crawl, en (40). Ces exemples relèvent donc du dire et du faire.

12) Ce que Franckel-Lebaud formule de la façon suivante : « Savoir marque que S (sujet de l'énoncé) est instance d'identification des propriétés d'un terme dont il ne constitue pas le site QNT. » (p. 100). De cette dissociation d'ancrage situationnel (QNT) et de la qualification par S résulte, selon Franckel-Lebaud, la contradiction entre O = nom de personne et savoir. Nous avons voulu pour notre part expliciter ce que Franckel-Lebaud appelle la qualification de S, au moyen d'une paraphrase montrant l'activité du sujet : S dit/montre/fait.